Créée en 2009, Scality commercialise depuis 2010 une technologie logicielle de stockage distribué (scale-out). Positionné sur le « software defined storage », elle permet de gérer de gros environnements de stockage pour un bon rapport performance-coût-fiabilité. Antoine Patte, le directeur commercial France répond à mes questions.
Antoine Patte : Aujourd’hui nos 3 plus gros clients en France sont : SFR/ Orange/ l’Armée. Nous en avons des multiples autres notamment dans la finance et les médias.
Sur le marché, je rencontre beaucoup de grandes entreprises ayant des problématiques de stockages chez les grossistes. En toute humilité et pour faire un parallélisme, Scality permet d’avoir les mêmes infrastructures qu’un Google, qu’un Yahoo ou qu’un Facebook mais comme un produit commercial. Les infrastructures de stockage sont totalement distribuées sur des serveurs X86 HP et permettent de résoudre de nombreux problèmes.
Cloud-Expérience : Quels sont les usages émergents que vous pouvez constater en tant que société sur le marché ?
Antoine Patte : Les utilisateurs se sont aperçus qu’ils avaient des data dans tous les sens : une véritable explosion des données. Récemment, j’étais chez EDF qui procède à l’installation de compteurs intelligents. La quantité de logs est très importante. Leur problématique est « comment allons-nous faire pour traiter tout cela ? ».
Je le vois de plus en plus : les utilisateurs n’aurons plus un îlot de stockages (Dell/ HP/ EMC etc) mais essayeront au contraire d’avoir un gros stockage multi-usages pour une vision sur 10 ans. Comme un Google et un Facebook ou d’autres : le client va consolider et s’agrandir grâce à ça.
Ce qui est révolutionnaire pour le marché et les DSI, c’est le stockage multi-usages. Auparavant on achetait le stockage comme on aurait pu acheter des camions : ma production augmente, je dois donc en acheter plus. Du coup, je dois déménager et agrandir mon espace assez souvent pour accueillir mes nouveaux camions. C’est simple: on prend les serveurs, on met de la version maintenant et dans un an, on pourra rajouter un autre serveur.
Supposons que le serveur réponde à mes attentes : on va le garder 1 an, 2 ans voire 5 ans. Cela dit, je pourrais toujours en rajouter d’autres. Aujourd’hui, pas un seul de nos clients ayant nos systèmes depuis assez de temps n’a les mêmes serveurs que son voisin, parfois même multi-marques.
Cloud-Expérience : Quelle est votre stratégie dans le Big data ?
Antoine Patte : Il y a big data et big big data. Scality s’inscrit vraiment dans le big big data : on ne résout pas des problèmes pour 50To mais plutôt des problèmes multi data bytes (10 à 100 serveurs).
Notre valeur ajoutée se trouve dans l’analyse de big data off line.
Partons sur un exemple. J’ai 300 To de données à analyser. Si je dois les mettre sur une infrastructure Hadoop ( 500To) je vais mettre au minimum un mois, uniquement pour les mettre dans mon stockage. Nous faisons tourner Hadoop directement sur l’infrastructure. C’est tout aussi simple : j’ai une infra, j’ai des serveurs pour faire tourner Hadoop et je filtre directement la data là où elle est. On peut dire que c’est relativement nouveau, car il n’y a pas de migration(s).
Cloud-Expérience : Est-ce que vous utilisez OpenStack ? Si ou dans quel but ?
Antoine Patte : Dans Openstack il y a un produit qui s’appelle Swift : c’est le stockage. Nous le remplaçons en y mettant notre produit. Cela à 5 avantages :
- réponse multi-sites
- plus de performance
- cela coûte beaucoup moins cher en hard
- interfaces historiques dans le milieu normal de l’informatique NSS et ISS
- RAID distribué/ 2 fois moins de hard avec plus de gérabilité
Aujourd’hui, c’est ce que recherchent les utilisateurs. Si on caricature, un universitaire qui souhaite faire de l’OpenStack est réalité payé pour le faire. Il a souvent un « petit machin » qui fait 20 To ou 50To, avec lequel il s’amuse. Ceci dit il peut en tirer des bonnes choses. En revanche, je ne connais aucun client sérieux qui y ait installé et mit ses datas long terme durables.
Dans OpenStack, il y a des notions de superviseur, des notions d’intégration, des notions d’installation, des notions de cloud computing. Scality a des connecteurs pour tout. Nous pensons qu’OpenStack est un bon framework. Selon, moi Scality à 2 heures d’avance sur le stockage OpenStack.
Cloud-Expérience : Est-ce que dans le contexte actuel de piratages (Drop box/ Orange) votre solution globale intègre de la sécurité de données ?
Antoine Patte : Nous sommes l’infrastructure de stockage. Pour vous donner une image plus précise, nous posons les fondations de la maison. Si quelqu’un rentre par la porte, nous n’y sommes pour rien. C’est réellement le travail des softs.
Cloud-Expérience : Pourquoi partir faire du business à l’étranger ?
Antoine Patte : Nous sommes une boite française internationale. Parmi nos salariés, il y a des américains, des coréens et des indiens. Le management est français. La R&D et le support mondial se trouvent en France. Notre succès est dû au fait que nous faisons plus de 50% de notre business aux Etats-Unis : un deal US est en moyenne 10 fois plus grand qu’un deal Europe.
Notre idée : plus le projet est gros, plus ça sera facile à vendre car il engendrera des économies d’échelle. La décision pour le client sera donc plus facile. Ceux qui partent à l’étranger ne sont pas tous des méchants. Aujourd’hui c’est bien parce que nous avons un pied sur le continent américain que nous pouvons embaucher en France. Nous souhaitons avant tout continuer à vivre cette belle aventure dans notre pays, la France.
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